Il y a quelques mois, en répondant aux questions d’un anthropologue canadien, Marc, pour préparer son prochain voyage au Chhattisgarh, je lui conseillai de ne pas faire l’impasse sur Sirpur dans le Chhattisgarh bouddhiste, avec ses temples qui ont tant marqué Sa Sainteté le Dalai Lama.
Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi le village de Sirpur devrait être au programme de votre voyage dans le Chhattisgarh.
Dans cet article, je vais vous expliquer en détail pourquoi vous devriez visiter cette riche zone archéologique, en vous citant quelques points historiques qui en font un lieu grandiose et les sites à visiter. Vous trouverez aussi les informations utiles pour préparer votre voyage, ainsi que les festivals intéressants.
Lonely Planet a fait une édition numérique spécial Chhattisgarh et Madhya Pradesh
Sommaire de l’article – Chhattisgarh bouddhiste Sirpur.

Quelle est l’histoire de Sirpur Chhattisgarh ?
« Vraiment extraordinaire, l’histoire de Sirpur est glorieuse. J’emporte avec moi les souvenirs de Lord Bouddha. » Sa Sainteté le Dalaï Lama lors de sa première visite à Sirpur en mars 2013.
A travers ces quelques mots, Sa Sainteté le Dalai Lama résume bien toute l’importance historique et spirituelle de Sirpur.
Sa Sainteté y retourne désormais régulièrement, comme en 2014 où Elle a médité dans les grottes où Nagarjuna, le plus important philosophe Bouddhiste après Bouddha, avait médité.
Des inscriptions datant d’entre le Vème et le VIIIème siècle mentionnent une ville appelée Sirpur ou Shripura, capitale des Rois Somvanshi.
Le rayonnement de la ville en tant que siège de la Culture commença quand elle devint la capitale du Dakshin Koshal (l’actuel Chhattisgarh) sous les règnes des Rois Sarabhapuriya et Panduvanshi.
Sirpur devint alors une ville de temples, monastères bouddhistes, lacs et étangs; le pilier du Bouddhisme en Inde centrale.
Entre le VIème et le Xème siècle, elle aurait même été plus grande que le territoire de la civilisation Harappan de la Vallée de l’Indus.
Si vous lisez l’anglais, je vous recommande la lecture du livre ci-dessous. Cliquez sur l’image pour le commander.
Le fameux pélerin et savant traducteur des Soutras bouddhistes, le Chinois Hieun Tsang (Xuanzang pour les Chinois et Tripitaka pour nous), est passé par cette région lors de sa pérégrination vers l’Ouest, aux environs de 635.
Il la décrit dans son « rapport du voyage en Occident à l’époque des grands Tangs » comme un grand Royaume plein de pratiquants du Bouddhisme Mahayana, dirigé par un souverain d’une grande tolérance religieuse, Balarjuna.
Pour en savoir plus sur le voyage du moine, je vous recommande vraiment la lecture du chef d’oeuvre de Wu Cheng’en – c’est un des « 4 livres extraordinaires » de la littérature chinoise, donc une des oeuvres chinoises majeures !
Sirpur attirait non seulement les commerçants et voyageurs mais aussi les érudits et étudiants du Monde entier.
On y trouvait des temples Shivaïtes, Vishnouïtes, Jaïns, cotoyant plus de 200 monastères et couvents bouddhistes.
La ville comprenait un port très fréquenté et était un centre de commerce international.
En arrivant à Sirpur, j’ai été très surprise de découvrir un petit village tribal, assoupi au bord de la rivière Mahanadi.
Par la suite, j’ai appris que Sa Sainteté le Dalai Lama avait aussi parlé de sentiment de paix éternelle lors de son premier voyage à Sirpur.
Quels sont les plus beaux temples et vestiges à visiter à Sirpur dans le Chhattisgarh ?
Le temple de Laxman.
Ce temple de brique rouge du VIIème siècle se dresse au mileu d’un jardin verdoyant et bien entretenu.
Dédié à Vishnou, on lui donna le nom de Laxman temple lorsqu’il fut découvert par Lord Cunningham, un Britannique, en 1862.
On le considère comme un des plus fins temples de briques cuites de l’Inde, tant ses gravures sont travaillées. Observez surtout celles du linteau de porte et du shikhara, la tour centrale de la photo.

Le musée attenant renferme les sculptures du site, notamment la statue sans tête de Vishnou, en granit noir. Les oeuvres ne sont malheureusement pas très bien mises en valeur, que ce soit au niveau de l’éclairage ou des panneaux d’information.

Le complexe de Teevardev, Khajuraho du Chhattisgarh.
Le linteau du début de mon article sert d’entrée à ce grand monastère bouddhiste du VIème siècle, appelé plus souvent « Buddha Vihara » ou temple de Bouddha.

Il est composé de deux monastères et d’un couvent.
Ses éléments les plus remarquables sont la statue plus grande que nature de Bouddha, toutes les gravures sur le linteau et les nombreuses colonnes, comme l’éléphant paon.
De nombreuses sculptures sont la représentation du Panchatantra, un très ancien recueil de contes animaliers. A travers les stéréotypes des animaux, cette oeuvre explique le principe indien du niti ou comment se comporter de façon avisée.
Jean de La Fontaine s’est largement inspirée du Panchatantra dans plusieurs de ses fables et de nombreux pays ont repris ces contes dans leur littérature.


Vous remarquerez aussi l’assemblage des briques, fait sans mortier, enchassées les unes dans les autres à l’origine.
Un autre détail très frappant, ce sont les sculptures du linteau où on retrouve des scènes dignes du Kâmasûtra, comme à Bhoramdeo dans le Nord du Chhattisgarh, et la beaucoup plus célèbre Khajuraho.




D’après mon guide, les moines auraient voulu représenter la réalité de la vie, tant au niveau humain qu’animal. On trouve donc aussi un combat de buffles et une horde d’éléphants, dont le couple final copule sous les yeux de l’avant-dernier.
J’ai contacté certains de mes amis archéologues et anthropologues pour savoir si cette interprétation est la bonne ou si, comme je le crois, il s’agit plutôt de l’influence du tantrisme qui était suivi par les souverains de l’époque.
Le puritanisme qui sévit encore en Inde nous ferait presque oublier que le pays est à l’origine du kamasutra et que la sexualité et l’érotisme étaient intimement liées à la puissance divine. Le Dieu Shiva n’est-il pas représenté par le lingam – énergie masculine – emboîté dans le yoni – énergie féminine ? Et l’acte d’amour n’était-il pas considéré comme une expérience mystique?
L’archéologue indien Hansmukh Seth m’a expliqué qu’il existe 3 interprétations à ces sculptures :
- le tantrisme, notamment à travers les scènes érotiques des animaux.
- l’interprétation de mon guide. Le temple est la représentation de l’univers et il faut en montrer les aspects essentiels de la vie. En bas des murs extérieurs, les animaux, catégorie « la pire » de la vie, la vie animale. Au-dessus, des scènes de la société. Les scènes érotiques humaines représentent à la fois une partie de la vie et le processus de continuité de la prochaine génération ou société. Tout en haut les Dieux et les créatures célestes, les apsaras, et les créatures mythiques hybrides, les Vyalas.
- les scènes érotiques représentent le châtiment qui détruira ou l’oeuvre des démons.
Pour Hansmukh, ces 3 interprétations se combinent et dépendent du Dieu auquel est dédié le temple. Par exemple, on va trouver beaucoup de scènes érotiques dans les temples de Shiva, associés au tantrisme.
Le complexe de temples Baleshwar Mahadev.
Ces jolis vestiges datent du VIIème siècle et ont été construits dans le style Panchayatana. On y trouvait un sanctuaire principal surélevé, entouré de 4 plus petits aux quatre coins, deux temples en l’honneur des dames royales Ambadevi et Ambikadevi et la résidence du prêtre. Le site était dédié à Shiva dont on voit des vestiges de représentation sous la forme de lingam.
Remarquez le chignon de côté de la statue féminine. C’est la coiffure adoptée encore à l’heure actuelle par de nombreuses tribus.
Parmi les photos des peintures rupestres d’Ongna – 10 000 à 15 000 avant JC – prises par Debayan, on retrouve cette coiffure.


Surang Tila.
L’excavation de ce temple pyramidal dédié à Shiva, datant du VIIème siècle, remonte seulement à 2006-2007.
La structure mesure 8 mètres de hauteur, et on accède à sa plateforme supérieure par 30 marches déformées par un tremblement de terre au XIIème siècle. C’est cette même catastrophe qui aurait dévasté et enterré Sirpur.
La meilleure façon d’y accéder est de biais, la montée et descente de face étant bien trop périlleuses.
Tout comme le complexe précédent, Surang Tila était de style panchayatan, avec un sanctuaire principal et quatre autres aux quatre coins. Sa forme fait davantage penser à un temple Maya.
On y accédait par le portail qu’on voit sur la photo, après s’être purifié dans la rivière Mahanadi dont la rive était toute proche.

Au sud, se trouvait la maison du brahmane, avec un grand réservoir d’eau attenant, dans lequel le brahmane se baignait avant d’entrer dans le sanctuaire.
Quatre lingams, supposés représenter les quatre castes, sont abrités dans les temples. L’un est blanc, symbolisant celle des Brahmanes. Le second est rouge et représente le sang versé par le guerrier, la caste des Kshatriyas. Le lingam jaune représente l’or des Vaishyas, les commerçants. Enfin, le noir est pour les Shudras, les serviteurs.
Il y avait 32 piliers, tous magnifiquement sculptés.
Un des temples est dédié au Dieu Ganesh.



Le temple de Gandeshwar.
On pense que ce temple du XIIème siècle a été construit sur les ruines d’un précédent.
Les ghats de ce temple (marches menant au bassin) sont très fréquentés au moment de Shivratri et Mahashivratri.
On y retrouve la caractéristique de Sirpur, la coexistence pacifique des religions, avec des statues de Shiva, Vishnou, Bouddha et jaïne.
C’est un endroit vraiment paisible et agréable au coucher du soleil.
A proximité, un petit sanctuaire accueillait des joueurs de musique sufi, que nous avons passé un moment à écouter.
Le marché.
On ne connaît pas la date exacte de construction de cette immense marché, mais il se pourrait qu’il date du VIème siècle avant notre ère.
Ce centre de commerce international était idéalement situé au bord de la rivière Mahanadi, et on venait du Monde entier s’approvisionner ici.
C’est un des plus anciens et vastes du Monde.
On y trouvait des magasins donnant sur les allées principales, avec à l’arrière les habitations, greniers à grain et autres lieux de stockage de marchandises.
On y trouvait aussi des installations pour le bien-être, comme des bains thermaux, et un hôpital de chirurgie ayurvédique. On venait donc à Sirpur à la fois pour le commerce et le tourisme médical. Les patients étaient immergés dans les bains avec le liquide de traitement médical.
Ce fait est connu grâce au système d’irrigation très sophistiqué qui a été trouvé sous l’ensemble du site.



Bouddha serait venu ici et aurait médité sous cet arbre de la Bodhi (figuier des pagodes).
C’est à cet emplacement même que se situait le plus ancien temple de Bouddha de Sirpur. On y a trouvé 85 images en bronze de Bouddha.
Le palais d’Avesha.
Une des plus récentes découvertes de Sirpur. Il faudra encore attendre un peu avant que le site ne révèle son histoire.
Où est située la ville de Sirpur dans le Chhattisgarh ?
Sirpur se situe à environ 85 kms au Nord-Est de Raipur (compter une heure et demi de trajet), 35kms de Mahasamund – réserve de Barnawapara et ashram de Valmiki – et 17 kms de la NH6.
Comment rejoindre Sirpur et le Chhattisgarh ?
Pour votre vol vers l’Inde, je vous conseille ma compagnie aérienne préférée, Qatar Airways. Lisez ici mes conseils pour trouver le meilleur vol.
>> Cliquez ici pour voir tout de suite les derniers prix et disponibilités pour votre voyage
Prenez ensuite un vol direct de Delhi à Raipur ou Vizag si vous voulez d’abord visiter l’Odisha. Utilisez le site MakeMyTrip pour rechercher le meilleur vol – recommandé par mes amis indiens ! Vous pouvez également réserver votre véhicule personnel via la rubrique « cabs » du site de MakeMyTrip ci-dessous.
>>> Cliquez ici pour chercher le meilleur vol
Bien qu’un service de bus existe, il ne semblerait pas très fiable, excepté au moment des festivals. Un véhicule personnel semble plus approprié, afin de pouvoir continuer vers la réserve naturelle de Barnawapara. Information à vérifier sur place, puisque l’office de tourisme avait mis à ma disposition un véhicule avec chauffeur.
Où loger à Sirpur ?
Si vous le souhaitez, vous pouvez passer la nuit au resort appartenant à l’office de tourisme du Chhattisgarh, Hieun Tsiang. Comptez 1 500RP pour une chambre double. Bien qu’idéalement situé à deux pas des sites historiques, le lieu ne dégage pas beaucoup de charme. Le personnel est cependant sympathique, bien qu’un peu mou. Quelques arbres fleuris améliorent le cadre froid. Demandez si vous pouvez dormir comme moi dans la chambre occupée par Sa Sainteté le Dalaï Lama lorsqu’il vient à Sirpur. Bien que spacieuse, elle manque de décoration pour en faire un lieu un peu plus agréable.
Je conseillerais de loger plutôt dans un des resorts de Barnawapara, à 15 kms de là si vous avez votre propre moyen de transport, ce qui sera sûrement le cas. Renseignez-vous cependant sur les conditions de circulation, car les routes peuvent être impraticables à cause de la mousson qui les a dévastées. Vous pouvez réserver le resort de la réserve de Barnawapara sur le site d’Oyo, qui propose également un large choix à Raipur. Oyo est le site recommandé par mes amis indiens pour les réservations d’hôtels.
>>> Cliquez ici pour vérifier les disponibilités
Quand visiter Sirpur ?
La meilleure période se situe entre novembre et mars. La mousson est terminée, les températures sont agréables sans être excessives. C’est aussi la période d’ouverture de la réserve de Barnawapara.
Quels festivals fêter à Sirpur ?
Shivratri et Mahashivratri.
Le temple de Gandeshwar s’anime quelques jours avant le début des festivals religieux de Shivratri (juillet-août) et Mahashivratri (février-mars).
Shivratri surtout est un moment clé pour les adeptes de Shiva, qui entreprennent un pélerinage à pied jusqu’au Gange. Ils y collectent l’eau sacrée qu’il ramènent dans le temple du village.
Conclusion – Sipur, Chhattisgarh bouddhiste.
Sirpur est vraiment un incontournable du Chhattisgarh bouddhiste, tant par son riche passé que par ses vestiges. Sa visite se complète très bien par celle de la réserve de Barnawapara, où il est agréable de passer quelques jours à la recherche des animaux sauvages et sur les traces de Rama.
Connaissez-vous également Sirpur ? Avez-vous d’autres conseils à partager ?
Sur le même sujet du Bouddhisme : Ma rencontre avec un célèbre Oracle en transe.
N’oubliez pas de lire mon guide complet sur le Chhattisgarh
Cet article peut contenir des liens compensés. Lisez les mentions légales du site pour plus d’informations.