Visiter Dubrovnik, disaient-ils, c’est plonger dans un rêve.
Mais personne ne m’avait parlé du vertige.
Ce matin de juin, je suis arrivée avec le cœur curieux, les yeux ouverts, prête à me laisser toucher par l’Histoire, les vieilles pierres, les parfums salés de l’Adriatique.
Mais ce que j’ai rencontré, c’est autre chose : une ville sous tension. Belle à en pleurer. Et pourtant, presque inhabitable.
Cette étape-là, je ne l’ai pas vraiment visitée.
Je l’ai traversée comme on traverse une foule qui pousse dans le mauvais sens.
Avec ce paradoxe collé à la peau : tomber amoureuse d’un lieu… tout en souhaitant fuir ce qu’il est devenu.
Visiter Dubrovnik : Beauté asphyxiée, mémoire blessée…
Article publié le 23 juillet 2025 – expérience vécue en juin 2025
visiter Dubrovnik, c’est d’abord se heurter à la foule.
Dès les premiers pas, un souffle court.
Pas à cause de l’émotion. À cause du monde.
La vieille ville s’ouvre comme un décor parfait – pierres claires, mer turquoise, vieilles portes écaillées – mais le cœur, lui, se ferme peu à peu. Chaque ruelle est saturée de corps en mouvement, de cris étouffés dans toutes les langues, de selfies désincarnés, de touristes qui se croient seuls au monde. On n’entre pas dans Dubrovnik : on y est avalé.
Le prix de la beauté ?
40 euros pour monter sur les remparts.
La journée pour rentabiliser l’exploit.
Trois paquebots par jour.
Zéro échange humain.
Ce n’est pas tant le prix en soi. C’est le rapport à l’expérience. À Angkor, j’avais payé 60 dollars pour une semaine d’errance sacrée à travers temples et jungle. Ici, tout est calibré, monétisé, contraint.
Vous ne voulez visiter que les remparts de Dubrovnik ? Impossible : il vous faut vous acquitter du pass pour tous les monuments.
Alors oui, on peut encore prendre les chemins de traverse, les escaliers et se perdre. Mais en saison touristique, bien plus longue que partout ailleurs, les habitants transforment leur logement en Airbnb et partent vivre ailleurs…
J’ai senti l’épuisement dans les yeux des habitants.
Dans un office de tourisme, une femme me confie vivre à trois dans 28 m². Elle parle quatre langues. Elle tente un sourire quand je l’écoute, mais son regard se perd. Elle est née ici. Sa ville ne lui appartient plus. Elle se demande si elle va devoir partir.
Tout autour, les terrasses débordent, les prix flambent, et les logements ont été rachetés par des étrangers. La carte postale s’effrite sous mes pas.
Je pensais venir en visiteuse.
J’arrive en témoin d’une dépossession.
Un accueil glacial, des regards fermés
Il y a eu cette scène, banale mais révélatrice, au bureau des ferries publics, Jadrolinija.
Je discutais avec une vendeuse qui me donnait plein de conseils.
Sa collègue est arrivée comme une furie :
« You’re a bad tourist. »
Son message était clair : tu es là pour consommer un maximum et te taire.
Pas un sourire. Pas une ouverture. Uniquement de l’agressivité et une envie de se venger de son quotidien sacrifié.
Et moi, plantée là, avec ce sentiment désagréable d’avoir dérangée, juste en étant là.
Ce n’est pas la Croatie qui parle.
C’est la blessure.
L’exaspération.
L’usure d’une ville saturée.
Gravir le mont Srd au coucher du soleil
Alors je suis montée sur le Mont SRD.
Là-haut, le souffle est redevenu possible.
J’ai longé un chemin de croix, comme on suit un fil d’espérance. Chaque pas me ramenait à moi. Dubrovnik s’étalait sous mes pieds, sublime et lointaine. Et pour la première fois depuis mon arrivée, j’ai pu respirer autrement. Voir sans être vue. Ressentir sans devoir consommer.
Mais ce silence n’a duré qu’un instant.
Le soir venu, le vacarme recommence.
Une ville trop étroite pour son propre succès.
Un refuge inattendu : l’arboretum de Trsteno
À quelques kilomètres, un souffle.
Trsteno.
Un jardin botanique ancien, le plus vieux d’Europe. Des cyprès immobiles. Des statues brisées par le temps.
Et surtout, le murmure du vent.
Enfin, un lieu où rien ne cherche à séduire. Juste à être.
Ce jour-là, j’ai compris ce que je cherchais :
Pas un décor.
Un espace intérieur.
Un point de bascule entre beauté et paix.
Mais une fois encore, j’ai galéré : grilles fermées et le personnel qui s’en fiche, mauvaises informations sur les dessertes de bus…
Résultat : je visite en coup de vent et je me retrouve bloquée sans moyen de transport au milieu de nulle part !
Conclusion : Ce que je retiens
Dubrovnik m’a frappée en plein cœur — mais pas comme je l’attendais.
Elle m’a épuisée.
Elle m’a confrontée.
Elle m’a obligée à me poser cette question :
À quoi bon voir si l’on ne peut plus sentir ?
Alors si je devais te conseiller, ce serait avec honnêteté :
Oui, viens visiter Dubrovnik si tu en rêves.
Mais reste lucide.
Et surtout, ne t’arrête pas là.
Va plus loin. Cherche ce qui respire.
Ce qui vibre.
Ce qui ne crie pas.
Et toi ?
- As-tu déjà ressenti cette fracture entre beauté et violence touristique ?
- Comment vis-tu les lieux devenus trop visités ?
- Qu’est-ce qui fait, pour toi, la magie d’un endroit ?
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Vidéo de la vieille ville de Dubrovnik – YouTube
Montée au Mont SRD – Visorando
Arboretum de Trsteno – Croatie Tourisme